La ville d'Aïn Beïda
est située à 110 Km au sud-est de Constantine sur les hauts plateaux des Sebkhas (1000 m d'altitude). Aïn-Beida signifie en arabe, la source blanche, en raison d'une source abondante qui y jaillit, donnant par minute plus de 400 litres d' eau d'une excellente qualité. :coupe:
C'est en 1848 puis en 1850 que la ville prend son essor autour de ses deux bordjs avec l'implantation par les Français d'un établissement militaire pour surveiller les populations turbulentes de la région, notamment celle des Haraktas, berbères, arabisés qui dominaient toute la région de Souk-Ahras au massif des Nememcha jusqu'aux confins de la Tunisie et répartis entre les trois communes d'Oum-el- Bouaghi,de la Meskiana et de Sedrata. Très vite, 150 maisons, une église, une synagogue, des écoles auxquelles il faut ajouter les constructions du marché arabe et du village nègre qui se trouvaient alors en dehors de la ville naissante. Les israélites, très nombreux, faisaient presque tout le commerce surtout avec les Haraktas.
La tribu des Haracta
La tribu des Haraktas proprement dite, dont le territoire touche, au Nord, à celui des Hanencha et des Guerfa, à l'Est à celui des Oulad-Yahïa-ben-Thaleb, à l'Ouest aux tribus de l'Oued Zenati, au Sud aux mon- tagnes de l'Aurès, se divisait en quatre fractions : Oulad-Saïd, Oulad- Sïouan, Oulad-Kranfeur, les Oulad-Amara. Cette seule tribu, ayant une population de 28 000 âmes, pouvait mettre à cheval plus de 4 000 hommes. Elle comptait environ 1 500 fantassins. La tribu des Haraktas, alliée des Turcs qui l'avaient soumise par la force des armes, vivait uniquement pour la guerre et par la guerre. Avec la paix française, à partir de 1854, ils commencèrent à s'adonner à la culture des terres. Ils vendirent une partie de leurs chameaux, propres aux fuites rapides, et ils achetèrent des b?ufs de labour. Sur beaucoup de points, le gourbi se substitua à la tente, et, sous l'empire de ce nouvel ordre de choses, la paix et le calme les plus parfaits n'ont cessé de régner. Les Haraktas devinrent propriétaires d'immeubles à Aïn Beïda. Ils créèrent des jardins maraîchers et 30 000 hectares de terrains seront cultivés en céréales.
Au milieu de notre siècle, Aïn Beïda est un gros bourg de 7 650 habitants dont 22 % d'européens, qui compte une importante communauté de fonctionnaires.
Elle constitue une étape importante sur la route des caravanes des tribus Soufi transhumantes qui mènent paître leurs troupeaux de chameaux dans les plaines du nord au printemps, et, à l'automne,
rejoignent leurs palmeraies d'origine au sud vers Biskra.
En 1942-43, après le débarquement allié sur les côtes marocaines et algériennes et .l'ouverture du front tunisien sur les arrières des armées germano-italiennes, Aïn Beïda était un des points de passage des convois de matériels et de troupes alliées auxquelles se joignirent rapidement les premiers éléments des forces françaises de l'Armée d'Afrique Aïn Beïda est aussi la ville de garnison du 16 ème régiment de Dragons de 1955 à 1962.
Importante région productrice de céréales. Aïn Beïda était un pays de culture céréalière extensive. Culture déjà très mécanisée à cette époque, mais de rendement très modeste surtout si les pluies avaient été rares, la ville est surtout réputée pour son marché à bestiaux, le lundi, 2 ème marché animalier du département de Constantine.
Malgré les rigueurs de son climat,Aïn Beïda jouissait néanmoins d'un préjugé climatique très favorable. L'air, disait-on, y était pur. Il y faisait bon vivre. Aïn Beïda était agencé autour d'une place centrale autour de laquelle étaient disposés l'église, le presbytère, la poste, la mairie, le marché couvert et la salle des fêtes, faisant fonction de cinéma le samedi et le dimanche.
Un peu excentrés, le Cours et le Square Willigens où l'on pouvait trouver des vestiges de l'époque romaine, bordés d'un côté par le commissariat et le Grand Hôtel d'Orient ou Hôtel Coppolani, de l'autre par la Librairie Namia, le Café Xicluna où officiait le regretté Charlot et devant lequel, à la fraîcheur, le vieux Boudjema dressait son étal de brochettes et de merguez ; un peu plus loin enfin, se trouvaient le Cercle et la Caserne. Après avoir quitté le village dans la direction de Tébessa et avoir
passé un bordj témoin de l'implantation du village de colonisation,
apparaissait le cimetière où quelques-uns des nôtres reposent encore,
(Alain Audibert)